Schiappa versus gilets jaunes : retrouver le sens de la mesure
Mercredi 24 juillet aura lieu l’audience des six gilets jaunes que la secrétaire d’État Marlène Shiappa accuse de l’avoir menacée de mort lors d’une irruption d’une « violence inouïe » à son domicile au Mans dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 mai 2019. Or, les vidéos réalisées ce soir-là montrent une réalité tout à fait différente, appuyée tant par les rapports de police que par l’enquête de voisinage conduite dans le cadre de la procédure judiciaire. Europe Écologie Les Verts Sarthe dénonce la disproportion entre les faits constatés et les procédures activées.
Un processus anormalement accéléré. « Mercredi, six personnes vont comparaître devant le juge correctionnel. Fait exceptionnel : l’audience se tiendra moins de deux mois après les faits, alors que d’après les statistiques 2018 du ministère de la Justice, le juge correctionnel a besoin en général d’un an pour se prononcer ! Comment ne pas faire un lien entre ce processus accéléré et la plainte déposée par Madame Schiappa ? », interroge Sophie Bringuy, responsable d’Europe Écologie Les Verts Sarthe.
Des faits regrettables mais manifestement exagérés. « L’arrêt sous les fenêtres de la secrétaire d’État était évidemment malvenu et nous le dénonçons : la vie privée d’un élu de la République doit être préservée. Certaines paroles prononcées étaient injurieuses et nous les condamnons fermement. Mais les faits tels que j’ai pu en prendre connaissance tant en visionnant la vidéo réalisée par un gilet jaune qu’en lisant les récits des forces de l’ordre dans la presse n’ont rien à voir avec ce qu’a décrit Marlène Schiappa dans les médias et sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, si les faits avaient été si graves, comment expliquer que les forces de l’ordre présentes n’aient pas recadré le cortège le soir même ? La secrétaire d’État a menti, en exagérant manifestement mes faits », constate Sophie Bringuy.
En réponse aux excuses, une réaction disproportionnée. « Les gilets jaunes de la Sarthe ont exprimé des excuses à Marlène Schiappa. Pourquoi l’affaire ne pouvait-elle pas en rester là ? La responsabilité d’un membre du Gouvernement n’est pas de souffler sur les braises mais d’agir avec hauteur de vue et sens de la proportion. Si on convoque la machine judiciaire, par surcroît en procédure accélérée, pour des faits mineurs, où va-t-on ? », s’inquiète Sophie Bringuy
Europe Écologie Les Verts Sarthe appelle à la mesure dans l’affaire « Schiappa versus gilets jaunes ». Le pouvoir dont dispose un membre de gouvernement doit être utilisé avec le plus grand discernement. En l’occurrence, la secrétaire d’État semble avoir pesé dans la balance pour des poursuites disproportionnées. Nous attendons de la justice qu’elle rétablisse l’équilibre.