Vidéosurveillance : Réponse à Mr Gandon journaliste au Maine libre.

Dans l’édition du Maine Libre du 19/10/2012, nous avons bien noté votre article dithyrambique sur les bienfaits d’une installation de vidéo surveillance au Mans. Cependant  il nous est apparu que cet article comportait un certain nombre d’approximations que nous souhaiterions corriger.

Europe Écologie Les Verts répond à l’article du 19/10/2012, intitulé « Souriez vous êtes déjà filmé »

Dans un article du 19/10/2012, Europe Écologie Les Vert a relevé plusieurs approximations que nous souhaiterions corriger. Pour cela, par souci d’objectivité, nous nous appuierons en grande partie sur le rapport de la cour des comptes de 2011.

Tout d’abord dans cet article le journaliste confond dans une même catégorie générique la vidéo surveillance de voie publique (projet actuel de caméras filmant des rues du Mans) et la vidéo surveillance des espaces clos (transport en commun, parking, etc) ou fermés au public la nuit.

En effet, c’est une chose que de centrer une caméra avec une bonne définition d’image sur l’entrée d’un bus ou d’un parking (ce qui n’a jamais soulevé d’opposition comme le soulignait M Counil), mais c’est tout autre chose que d’installer des caméras généralistes de voie publique qui sont notoirement inefficaces.
Nous rejoignons en cela les conclusions de la cour des comptes :
« Diverses études ont été réalisées à l’étranger, notamment au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Australie, selon une démarche d’évaluation reposant sur l’analyse globale des tendances dégagées par une pluralité d’enquêtes. Si ces études ont, dans l’ensemble, conclu à l’absence d’impact statistiquement significatif de la vidéo surveillance sur l’évolution de la délinquance, certaines ont toutefois fait apparaître que les résultats sont plus encourageants dans des espaces clos (parkings) avec un nombre limité d’accès. »[1]

Une autre forme d’approximation consiste de justifier d’une mesure en s’appuyant non pas sur une étude approfondie mais sur quelques exemples isolés réussis. (Et encore ne s’agissait-il pas, dans les exemples cités, d’empêcher les actes délinquants, mais seulement de contribuer à en identifier l’auteur). En cela nous rejoignons encore les conclusions de la cour des comptes :
« La légitimation de l’outil passe prioritairement par l’évocation d’exemples particuliers d’enquêtes conclues grâce aux indices fournis par la vidéo surveillance.  Cependant, les municipalités n’ont aucun retour d’information régulier sur l’usage fructueux fait par les enquêteurs des déports d’images par leur CSU ou de la transmission d’images enregistrées sur réquisitions d’OPJ. »[2]

Enfin dans cet article, lorsque le journaliste reprend les propos de Mr Pancrazi Commissaire (Directeur du service Sécurité au Mans), il est asséné avec force une contrevérité majeure :
« Dans les villes déjà équipées, des études ont montré une baisse de la délinquance, sans déport de la criminalité »
Il serait intéressant que Mr Pancrazi précise ses sources (et nous l’invitons à nous les transmettre) car une telle affirmation va à l’encontre de toutes les études sérieuses que nous avons pu consulter comme le corrobore une fois de plus la cour des comptes.
Pour ce qui est de la France aucune étude fiable n’a été effectuée :
-« Aucune étude d’impact, réalisée selon une méthode scientifiquement reconnue, n’a encore été publiée. Contrairement au Royaume-Uni, la France n’a pas encore engagé un programme de recherche destiné à mesurer l’apport de la vidéosurveillance dans les politiques de sécurité publique. »[3]
Pour ce qui est de l’étranger comme nous le rappelle la cour des comptes les constat sont négatifs :
« Diverses études ont été réalisées à l’étranger, notamment au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Australie, selon une démarche d’évaluation reposant sur l’analyse globale des tendances dégagées par une pluralité d’enquêtes.. ces études ont, dans l’ensemble, conclu à l’absence d’impact statistiquement significatif de la vidéo surveillance. . . »[4]
Et si cela n’était pas suffisant reprenons quelques éléments cités toujours par la cour des Comptes :
« Au cours de la période considérée, le taux d’élucidation des faits de délinquance de proximité n’a pas davantage progressé dans ces CSP équipées de caméras de vidéo surveillance de la voie publique que dans celles qui ne le sont pas. Pour les faits de délinquance pris globalement, il s’est même davantage amélioré dans les CSP non vidéo-surveillées. »[5]
ou encore :
« De même, dans la région Rhône-Alpes, de 2003 à 2008, la délinquance de proximité a diminué de 48 % à Villeurbanne, dépourvue de vidéo surveillance, soit plus rapidement qu’à Lyon (- 33 %), pourtant dotée d’un dispositif relativement dense. »[6]

Enfin pour finir nous rappellerons ce constat indiscutable : la ville de Londres avec quelques 500 000 caméras devrait être la ville la plus sûre du monde. Mais ce n’est pas le cas. En 2008, Scotland Yard reconnaissait que cette politique était inefficace. Lors de la Security Document World Conference (22-23 avril 2008, Londres), des représentants de Scotland Yard parlaient ainsi de « utter fiasco » (échec complet). Seuls 3 % des délits sont résolus à l’aide des caméras de surveillance.

En conclusion, en ces périodes de crise, Europe Écologie Les Verts considère qu’il conviendrait d’être vigilant à ne pas dilapider l’argent publique dans des projets notoirement aussi inefficaces que la vidéo surveillance, mais continue de réclamer une présence humaine sur le terrain, qui seule peut avoir un rôle de prévention.

[1] Page 145 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »
[2] Page 146 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »

[3] Page 146 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »
[4] Page 145 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »
[5] Page 148 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »
[6] Page 145 rapport de la cour des comptes « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique »

Remonter