Vallée de l’Arve : quand respirer tue

48 000 personnes meurent chaque année en France des conséquences des pollutions aux particules fines, ces poussières au diamètre inférieur à 2,5 micromètres, issues du transport, du chauffage, de l’industrie et de l’agriculture, représentent ainsi la troisième cause évitable de mortalité en France, derrière le tabac et l’alcool. Pourtant, aucune politique publique, aucune campagne de prévention, ne sont engagées. Respirer tue et les gouvernements successifs font l’autruche.

La vallée de l’Arve ne le sait que trop bien : territoire non urbain, ce territoire est pourtant l’otage des pollutions qui l’entourent et la traversent. Voilà plusieurs années que cette région de Haute-Savoie, située au pied du Mont-Blanc, vit dans un air irrespirable, en raison du transit des poids-lourds, de la présence d’usines, et du chauffage au bois. Malgré un plan de protection de l’air, adopté en 2012, la pollution aux oxydes d’azote y reste trop élevée. Si la situation sanitaire est particulièrement catastrophique dans la vallée de l’Arve, Europe Ecologie les Verts rappelle que ces pollutions touchent l’ensemble de la population, l’ensemble du territoire, et ne sont bien sûr pas cantonnées à nos frontières.

Il s’agit d’une urgence sanitaire qu’il est nécessaire de combattre concrètement, d’autant que les effets sur la santé des particules fines et leur mode d’action sont de mieux en mieux connus. Il n’existe en effet pas de seuil sous lequel l’exposition aux particules fines n’aurait aucune conséquence, et c’est bien l’exposition dans la durée qui a le plus d’effets négatifs pour la santé. Ceux-ci sont alarmants et concernent tout un chacun : les particules fines contribuent au développement de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, respiratoires ou neurologiques, ainsi que des cancers. Elles ont également des incidences sur la reproduction, le développement de l’enfant, et des pathologies endocriniennes.

Face à l’urgence, le gouvernement doit réagir

Favoriser la marche, le vélo et les autres modes de transports doux plutôt que la voiture, rendre accessibles le covoiturage et les transports collectifs, sont autant de moyens permettant de diminuer les impacts de la pollution atmosphérique. Développer le frêt ferroviaire, interdire et limiter les transports en camions sont des solutions possibles et à effet quasi immédiat. “Emmanuel Macron ne peut, dans le même temps, défendre le modèle de développement d’Amazon ou les transports par autobus et prétendre agir pour empêcher ces 48000 décès par an : entre libéralisme et protection de l’environnement, il faut choisir.” rappelle Sandra Regol. Les écologistes condamnent la suppression de la prime pour l’achat d’un vélo électrique, décidée cette année, dans le cadre du projet de loi de finances. “Il s’agit là d’un énième exemple du fossé qui sépare les discours internationaux du président de la réalité de ses actes : toujours plus pour le marché, toujours moins pour la nature et notre santé.” souligne Julien Bayou.

La décision d’aligner la fiscalité du diesel sur celle de l’essence était pourtant un premier pas encourageant. Mais cela est loin d’être suffisant : la réglementation par seuils est obsolète quand la moindre exposition est nocive. Voilà des décennies que les écologistes appellent à une sortie complète des énergies fossiles et au développement de l’éolien et du solaire pour prévenir cette catastrophe qui aurait pu être évitable. Nous ne pouvons plus nous permettre de vivre comme si nos actions, individuelles et collectives, n’avaient pas d’impact sanitaire, économique et écologique majeurs. Ces dizaines de milliers de décès prématurés auraient dû être évités et ils nous le rappellent tragiquement.

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