Justice pour Adama Traoré : l’IGGN lève le voile
Les circonstances de la mort d’Adama Traoré étaient jusqu’à présent floues. Le rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale permet de sortir de la zone d’ombre et cible la responsabilité des gendarmes. Des constatations qui ne sauraient rester sans suite.
La police maintenait jusqu’alors que la mort d’Adama Traoré n’avait pas de lien avec son arrestation. Pourtant, l’audition par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale du chef de patrouille responsable de l’interpellation, qui s’est soldée par une mort tragique, révèle une responsabilité de la part des agents impliqués.
L’enquête doit se poursuivre sans entrave politique. Europe Écologie Les Verts demande au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de faire en sorte que toute la vérité soit établie et que justice soit rendue.
Nous rappelons qu’il y a en moyenne 10 à 15 décès par an des suites d’interpellations judiciaires. Des cas qui restent à 90% sans suite, ainsi que nous l’indique le dernier rapport sur les violences policières de l’ACAT France.
De Zyed et Bouna à Adama Traoré, nombre de cas mortels ou de blessures graves auraient pu être évitées. En s’accumulant, ces affaires où les victimes sont jeunes et issues des quartiers populaires, donnent le sentiment d’une justice à deux vitesses et contribuent à diviser un pays déjà en proie à de fortes tensions. Chaque affaire, chaque tentative d’évitement politique sur ces dossiers, ne contribue qu’à nourrir un terreau de divisions. Il est temps d’enrayer ce cercle vicié.
Cette affaire doit nous faire prendre conscience des failles et lacunes du système judiciaire français.
Nous appelons à mettre fin aux asphyxies posturales qui sont la cause probable de la mort d’Adama Traoré. Leur dangerosité est la raison pour laquelle elles sont déjà interdites dans nombre de pays comme la Suisse, la Belgique ou les Etats-Unis. Nous en appelons aussi à l’interdiction des flashballs, lanceurs de balle de défense et autres Tasers qui sont la cause de blessures traumatisantes et parfois mortelles dans des arrestations comme dans les répressions contre les manifestations comme ce fut le cas avec la mort de Rémy Fraisse.
Parce que la justice doit être la même pour toutes et tous, nous demandons la généralisation des contre-expertises indépendantes. Nous demandons également le renforcement des dispositifs de recensement des violences policières et l’établissement d’un récépissé pour les contrôles d’identité, promesse non tenue du candidat Hollande.
Enfin, des moyens supplémentaires devraient être mis au service de la formation des agents de la sécurité nationale. Le fait que l’essentiel des forces de l’ordre impliquées dans ces affaires sont en début de carrière confirme la nécessité d’une amélioration de la formation des agents. Une nécessité d’autant plus accrue par l’épuisement des forces de l’ordre, particulièrement sollicitées et exploitées dans un contexte de risque terroriste et de brutalisation de la société.
Des moyens existent pour que la justice soit rendue dans le respect et l’égalité : ayons le courage politique de les mettre en œuvre.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-paroles nationaux