Transition démocratique à Djibouti

La France et les pays européens doivent favoriser la transition démocratique à Djibouti

Le Conseil Constitutionnel de la République de Djibouti a validé, ce mardi 19 avril, les résultats de l’élection présidentielle du 8 avril dernier. Déclarant la victoire, dès le premier tour, du président sortant, Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 17 ans, après avoir été pendant 22 ans le bras droit du précédent chef de l’Etat, qui n’était autre que son oncle. Malgré la présence de cinq autres candidats, il a officiellement obtenu un score de 87,07%.

Cette élection, qualifiée de « mascarade électorale » par la coalition des partis de l’opposition, l’Union pour le Salut national (USN), est dans la continuité du cycle initié dès 2010 par le pouvoir djiboutien : suppression contestée de la limite du nombre de mandats présidentiels, confiscation de la victoire de l’opposition aux élections législatives de février 2013, refus d’appliquer l’accord-cadre conclu avec cette même opposition en décembre 2014 en vue de mettre fin à la crise démocratique que connaît le pays.

Les organisations de défense des droits humains n’ont eu de cesse de dénoncer depuis de nombreux mois la répression de toute voix dissidente, le point d’orgue étant la répression sanglante du 21 décembre 2015 qui a fait au moins 27 morts et 150 blessés, selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Ces attaques se sont poursuivies durant toute la campagne électorale, de nombreux membres de l’opposition ayant fait l’objet de harcèlement, d’arrestations et de détentions arbitraires. L’opposition dénonce également de nombreuses irrégularités durant le scrutin : urnes non scellées, votes multiples, non-accès aux procès-verbaux de dépouillement, représentants de candidats d’opposition empêchés d’accéder à de nombreux bureaux de vote…

EELV témoigne son soutien au peuple djiboutien dans sa lutte pacifique pour la démocratie et condamne les atteintes aux droits humains dont il est régulièrement victime.

EELV condamne le silence persistant de la France et de la communauté internationale face à un déni démocratique et à des exactions qui durent depuis bien trop longtemps.

EELV renouvelle sa demande aux pays européens disposant d’une base ou d’un contingent militaires à Djibouti de contribuer activement à une sortie par le haut de la profonde crise démocratique que connaît ce pays. Il est également de leur intérêt de favoriser son développement économique et social.

En effet, du fait du déficit aggravé de gouvernance que connaît Djibouti, sa population souffre d’un chômage massif excédant 50% et d’un taux de pauvreté avoisinant 80%, malgré les très importants revenus que le pays tire de sa position géographique, stratégique pour l’économie et la sécurité mondiales. La stabilité d’un pays occupant une telle position ne peut être assurée de manière durable que dans un pays dont la gouvernance repose sur la justice démocratique, économique et écologique.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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