Directive secrets des affaires
Directive secrets des affaires: les multinationales à l’abri, les lanceurs d’alerte poursuivis
En plein scandale des Panama Papers, jeudi 14 avril, une majorité de députés européens a entériné la directive sur le secret des affaires.
Les écologistes, mobilisés depuis plus d’un an sur le sujet, ont été le seul groupe à s’y opposer en commission parlementaire et le seul groupe à demander son rejet lors du vote en session plénière.
Ce texte, écrit sous la pression de quelques très grandes entreprises, donne désormais une base légale aux multinationales pour garder confidentielles des informations, parfois d’intérêt public, qu’elles ne souhaiteraient pas divulguer. Le texte ne prend pas la précaution de protéger de façon satisfaisante les lanceurs d’alerte et les salariés, indispensables au droit d’enquête des journalistes.
Pourtant, nombreux sont les scandales révélés chaque année grâce au courage des lanceurs d’alerte : écoutes de la NSA, Médiator, scandale Volkswagen, le « Luxleaks », HSBC, et dernier en date les Panama Papers.
Toutefois, la bataille pour la liberté d’informer n’est pas terminée.
D’abord, car le Conseil européen doit approuver lui aussi cette directive. EELV appelle le Conseil, et plus particulièrement le gouvernement français, à s’opposer à ce texte. Le gouvernement doit se mettre à l’écoute de la presse et de la société civile et changer son point de vue sur ce texte.
Ensuite, car la directive doit être transposée en droit français. Il faudra à nouveau se mobiliser pour éviter des atteintes supplémentaires à la liberté d’expression ou des sanctions pénales non-prévues dans la directive du Parlement européen.
Enfin, le groupe écologiste au Parlement européen présentera le 4 mai au Parlement européen un projet de directive instaurant une protection européenne des lanceurs d’alerte.
Les politiques de tous bords ont lâché des larmes de crocodile à chaque nouvelle révélation d’un scandale sanitaire ou financier. Les Panama Papers ont suscité une vague unanime d’indignation effarouchée. Mais avec le secret des affaires, le Front national, la droite et le Parti socialiste encouragent des pratiques dangereuses pour les citoyens, les consommateurs ou l’intérêt général. Il serait temps de passer des paroles aux actes.Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux