Conférence environnementale
Position d’Europe Écologie Les Verts avant l’ouverture de la conférence environnementale
Lundi 25 et mardi 26 avril se tient la quatrième conférence environnementale depuis 2012 et l’élection de François Hollande.
Alors que s’entame la dernière année du quinquennat, c’est le moment pour le gouvernement de passer des discours aux actes. La loi de transition énergétique, la loi biodiversité, l’accord de Paris sur le climat doivent devenir effectifs.
Europe Écologie Les Verts a pris connaissance des documents des différentes tables-rondes qui auront lieu pendant ces deux journées, et des propositions de mesures. Au lieu d’un programme d’actions, la France va se contenter de « soutenir » ou « promouvoir », quand il ne s’agit pas simplement de tenir ses propres engagements ! Le gouvernement va créer des observatoires, ou mesurer les pollutions !
L’écologie reste optionnelle, sur une base volontaire. On ne traite que les conséquences des pollutions sur la santé. Plutôt que d’interdire les polluants chimiques, on se contente de réduire l’exposition de la population. En agriculture, aucune mesure forte contre les pesticides ou les engrais minéraux n’est proposée : les nappes phréatiques continueront à être polluées.
Plutôt que de changer de modèle, les propositions du gouvernement ne sont que des ajustements à la marge, qui ne permettront pas de réduire drastiquement les pollutions et de protéger la santé des citoyens.
Les sujets qui fâchent, comme le retard dans la publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, ou la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont absents des documents de travail.
La lutte contre le trafic d’espèces protégées ou la condition animale sont aussi étrangement complètement absents du programme.
Les écologistes ont le sentiment que cette conférence environnementale n’est pas portée politiquement. Il s’agit en fait d’occuper les acteurs associatifs et les grandes ONG de protection de l’environnement. Mais personne n’est dupe : la France est loin du compte. Sans volonté politique, sans programme d’action, la France ne peut pas tenir ses engagements.
A milles lieues du volontarisme affiché en matière diplomatique, cette conférence environnementale risque finalement de n’être que le cache-sexe de l’inaction.
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Les écologistes font plusieurs propositions pour que la France se donne enfin les moyens d’agir contre le réchauffement climatique et les pollutions.
La France doit montrer l’exemple en ratifiant le plus vite possible l’accord négocié à Paris, et proposer que l’ensemble des pays européens fassent de même dès cette année.
Il faut que le gouvernement obtienne de la Commission européenne et de ses partenaires un objectif européen de réduction de 60% des émissions en moins en 2030, avec 45% d’énergies renouvelables et 40% d’économie d’énergie.
La France doit imposer au transport aérien et maritime de prendre part à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si les organisations internationales ne sont pas en mesure de faire d’elles-mêmes des propositions ambitieuses, il faudra leur imposer le marché européen, et donc leur faire payer leurs émissions.
Le gouvernement doit faire retirer du marché européen des « droits à polluer » le surplus comparé aux émissions réelles, qui rend le marché carbone totalement inefficace.
La France n’est pas à la hauteur en ce qui concerne la fiscalité écologique : la contribution carbone est encore trop faible, et doit passer rapidement de 22 à 40 euros la tonne. Les recettes supplémentaires doivent permettre d’investir dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, notamment pour les particuliers.
Le gouvernement doit porter une politique de transport : non seulement en cessant de nouvelles infrastructures routières ou aéroportuaires, mais en n’abandonnant les trains d’équilibre du territoire, ou en généralisant l’indemnité kilométrique vélo.
Sur le nucléaire : le gouvernement doit engager la réduction du nucléaire en publiant enfin la Programmation pluriannuelle de l’énergie, et en fermant les centrales les plus vieilles et les plus fragiles. Il faut également abandonner le chantier nucléaire de Flamanville : l’EPR est un échec industriel et un gouffre financier. Pour la même raison, l’État, actionnaire majoritaire d’EDF, doit faire retirer l’entreprise publique du projet d’EPR à Hinkley Point, en Grande-Bretagne.
Faut-il rappeler que très récemment l’Allemagne, le Luxembourg et la Suisse se sont particulièrement inquiétés de la politique nucléaire française ?
Enfin, le gouvernement a pris de bonnes décisions en refusant de nouveaux permis d’explorer des hydrocarbures. Mais il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué, et tenir les promesses de la COP21 : il est temps de mettre fin à toutes les exploitations d’hydrocarbures en France.