Enquête d’utilité sur la zone Béner Le Mans : contribution du Groupe Local d’Europe Écologie Les Verts Le Mans Agglo
Beaucoup de choses ont été écrites dans ce registre sur les risques liés à ce projet de nouvelle zone commerciale et ses impacts :
– Risques de fragiliser le commerce de centre ville (pour le Mans) ou de centre Bourg (Yvré et les autres communes de l’est de l’agglomération) avec l’implantation de nouvelles cellules commerciales concurrençant directement les commerces actuels , déjà en difficulté pour certains : l’attractivité de la future zone commerciale drainera des populations qui achèteront « la bas » ce qu’il n’achèteront plus « ici » (dans les commerces établis) : habillement, biens de consommation, commerce de bouche et de proximité , …
– Risque de générer un trafic inacceptable. Certes on pourra réguler ce trafic, à coup de millions d’investissement aux frais de collectivité (financé les investisseurs via une exonération de la taxe d’aménagement) et de tonnes de bitume. Il n’empêche, au lieu de favoriser l’implantation de commerces de proximité, dans les cœurs de bourgs, permettant aux habitants de se rendre à pied ou en transports en commun …. On va inciter les habitants de l’agglo à venir acheter « la bas » , en voiture, ce qu’ils trouvent déjà à proximité de chez eux ou des transports en commun. On sait ce que ce type d’aménagement génère comme trafic, on connait les bouchons en sortie du Mans pour accéder à ces zones (voir les bouchons au Sud, pour accéder à Familly Village ou au Nord, pour accéder à la zone du Parc Manceau et d’Auchan). On rajoutera donc une zone de bouchons en plus, à l’est, et sur la Rocade. Quid des nuisances pour les riverains, qui subiront le trafic des chalands … ou des habitants de l’agglomération qui voudront éviter ce flux de consommateurs et rechercheront des itinéraires de délestage, à travers les quartiers proches et les bourgs d’Yvré ou de Changé.
– Perte d’espaces naturels et agricoles. Ces espaces sont aujourd’hui en friche , non imperméabilisés. Ils n’ont pas nécessairement vocation à devenir « urbanisés ». L’agglomération et le Pays du Mans essaye de construire une politique d’aménagement raisonné, favorisant la sobriété foncière, l’agriculture périurbaine et de proximité, la préservation des espaces naturels péri-urbain. Le maintien d’espaces de respiration, pour créer des activités de plein air, de loisir, de maraîchage ou d’activité agricole et au mois aussi pertinent que la création des surfaces commerciales et de voirie.
– artificialisation des sols et enjeu de gestion des eaux pluviales : la création d’une zone commerciale implique l’artificialisation des sols : voiries, stationnement, bâtiment… autant de surfaces qui nécessitent de collecter les eaux pluviales et une gestion adaptée. Des études récentes ont montré que la ville du Mans ne pouvait pas se protéger contre des crues importantes (de type 1995). Il nous semble prioritaire pourtant de ne pas aggraver de phénomène , en permettant à la nature de jouer le rôle « de stockage » des eaux pluviales là où elle le fait déjà (c’est-à-dire : des champs et des terrains naturels), sans concentrer et accélérer le ruissellement des eaux pluviales. Nous manquons d’espaces pour gérer les flux d’eaux pluviales générées par l’urbanisation existante, en cas d’événements exceptionnels … pourquoi nous rajouter des difficultés ?
– Absence de perspectives d’emplois stables : ce type d’aménagement fait le bonheur de quelques entreprises : la promotion immobilière commerciale. Entreprises à forte valeur ajoutée financière, mais faiblement créatrice d’emplois. Les salariés du secteur du commerce se retrouvent, eux, baladés d’enseigne en enseigne, au gré des fermetures et ouvertures de magasins. Hier c’est Fly qui fermait après qu’Alinea ait ouvert … à qui le tour ? idem pour les enseignes du textile ou des biens d’équipements … il suffit de se rendre sur les zones commerciales Nord ou Sud ou en centre ville pour voir le nombre de cellules commerciales et de bâtiments vides. Le commerce de proximité souffre, la ville n’a pas besoin de créer de nouvelles surface pour créer de l’emploi, elle a besoin que les zones existantes , et notamment le centre ville, soit redynamiser réaménagé, réapproprié.
– Quand la Ville ouvre un grand équipement de cœur de ville, l’espace culturel des Quinconces, c’est justement pour ramener des populations en ville, et notamment les spectateurs du cinéma. Pourquoi chercher à faire fuir le consommateur ?
Ce projet repose sur des arguments fallacieux :
– ce n’est pas cette nouvelle zone d’activité qui sera la source de pertes d’emplois, puisque le commerce est déjà en difficulté. Mais justement, si le commerce est déjà en difficulté, il semble peut justifié de rajouter des difficultés au difficultés !
– ce n’est pas une nouvelle zone d’activité qui le détruira le commerce de centre ville, c’est le e-commerce. Mais alors en quoi un commerce extrêmement traditionnel, qui nécessite d’avoir accès à un véhicule automobile pour en profiter (car entendons nous bien, la desserte en transport en commun restera marginal et nous imaginons peu que la zone d’activité et ses activités phares – IKEA et Leclerc en tête – vise une clientèle se déplaçant en transport en commun…) prépare notre agglomération à la révolution du numérique ? En misant si fort sur cette nouvelle zone , nous nous privons de développer une offre nouvelle, alternative, innovante et moderne, pouvant s’implanter en cœur de vile et répondre aux besoins des consommateurs : achat à distance, livraison à domicile, logistique optimisée, …
– l’attractivité de la ville : l’implantation d’enseignes majeure (IKEA) montre le dynamisme de notre ville et contribuera au rayonnement de la ville. A priori, il semble que Tours ne soit pas réputé pour son IKEA, mais pour son centre historique et son rôle de « capitale de bords de Loire », que Caen n’est pas connue pour son IKEA, mais pour son Mémorial. L’implantation d’IKEA n’est pas le signe du dynamisme de la ville, mais celui que l’agglomération et son aire de chalandise réponde aux critères d’une enseigne pour s’y implanter et concurrencer les autres acteurs du créneau déjà présents
Qui peut croire que l’arrivée de cette enseigne va drainer des centaines de visiteurs au centre du Mans, visiteurs qui profiteraient de l’achat de biens d’équipement pour le moins encombrants, d’aller faire un tour au centre ville et découvrir notre patrimoine, la future muraille classée à l’UNESCO, et manger au restaurant de centre ville avant de poursuivre par quelques achats auprès des commerces du cœur de ville ?
Qui peut croire que nos concitoyens vont trouver , comme par magie, de quoi, acheter et consommer plus qu’ils ne le font maintenant, sous prétexte qu’il existe une nouvelle offre, de nouvelles enseignes ? ne va-t-on pas simplement assister à un report des achats qui auraient été effectués ailleurs, dans d’autre commerces du Mans ?
La Réalité du développement commercial, c’est que zones commerciales et zones d’activités économiques se multiplient (50.000m² de surfaces commerciales nouvelles autorisées en 2011 en Sarthe).
La réalité de ce projet, c’est que qu’il s’agit avant tout d’un rendez vous manqué et des occasions perdues.
Il y avait l’opportunité de développer un projet d’agriculture périurbaine ambitieux, l’occasion de développer de nouveau modes de consommation et d’anticiper l’organisation du commerce de demain. Quand Le Mans se tourne vers des modèles du passé (IKEA , les zones commerciales, modèles des années 90), et à l’heure où l’on nous jure que la clef de demain, ce sont nos téléphones portables (dits intelligents), Angers, elle, développe la filière de l’achat numérique et ouvre « la cité de l’objet connecté ».
La réalité de ce projet, c’est qu’il s’agit du caprice d’un maire du siècle dernier, qui espère ainsi entrer dans le club des grandes ville et fait miroiter aux habitants des rêves de rayonnement régional … quand de toutes façons, avec ou sans IKEA , Le Mans est déjà et restera une des 25 plus grandes villes de France.
Daniel Moulin-Brillant
Pour le Groupe Local d’Europe Écologie Les Verts
Autres contributions :
Dans un bel inconscient collectif, le couple Voiture-Hypermarché à fait la richesse et le « bonheur » des années 60/70/80.
Chacun a pris conscience que ce même couple créé aujourd’hui (pour le plus grand nombre) plus de chômage que d’emploi, plus de misère que de richesse, plus de dégradation de la santé humaine et de l’environnement que d’amélioration (pour ne pas dire participe à sa destruction).
Je ne détaillerai pas les déraisons économiques sociales et environnementales déjà citées à juste titre ici par d’autres, je veux juste insister sur la raison morale de ne pas continuer à regarder « la maison bruler… »
Certaines et certains voudraient faire comme si de rien n’était, comme d’autres je ne peux pas.
Non à ce énième projet suicidaire.
Je veux pouvoir continuer à regarder mes enfants droit dans les yeux, les vôtres aussi d’ailleurs.
Michel Meunier apiculteur
La Maison des Abeilles
72700 Pruillé-le-Chétif