Suspension de l’écotaxe : qui paiera les pots cassés ?

EELV dénonce la décision prise par la ministre de l’écologie Ségolène Royal de repousser une nouvelle fois la mise en application de l’écotaxe prévue pour le début de l’année 2015.

Cette décision est d’autant plus surprenante qu’une phase d’expérimentation était en cours depuis le 01 octobre, afin de prendre le temps d’évaluer l’impact d’une telle mesure. Cette précipitation, qui donne raison aux pressions et aux menaces des lobbies routiers contre l’intérêt général, est particulièrement choquante pour les écologistes.

Cet énième report en forme d’enterrement est un signal terrible au moment où la transition énergétique française est en passe d’être engagée, permettant à notre notre pays de se tourner vers les solutions d’avenir et un modèle de développement plus propre, plus sain et durable.

Ce dispositif, qui existe dans de nombreux autres pays en Europe (Allemagne, Autriche, République Tchèque, Slovaquie, Pologne…), a déjà démontré des succès probants, en privilégiant les circuits courts et une utilisation plus effective du transport routier. En Allemagne, où nos décideurs publics ont tendance à prendre exemple en matière économique, elle génère plus de 4 milliards d’euros.

De nombreuses mesures compensatoires avaient été prises à l’origine, dès 2009, pour favoriser le transport routier (diminution de la taxe à l’essieu, exonérations fiscales diverses, comme la TICPE1) en prévision de la mise en place de l’écotaxe.

Rien ne justifiait donc cette victoire des lobbies.

En France, ce dispositif, déjà fortement raboté au demeurant (4300km au lieu de 15000km prévu initialement, engendrant moitié moins de recettes) aurait permis de financer et de développer d’autres modes de transports, moins polluants, comme le frêt ferroviaire et fluvial. De nombreux projets sont désormais gravement menacés. S’ils parviennent à voir le jour, ce sera au prix d’efforts supplémentaires de la part des contribuables, qui paieront pour les pollueurs.

Cette décision pose la question de la réelle volonté de la France de se moderniser et de se tourner vers une voie écologique.

Les questions locales de pollutions sonores, de pollutions de l’air, de rénovation des routes, rencontrées par nos concitoyens, ou les questions internationales d’émissions de Gaz à effet de serre et de réchauffement climatique ne sont malheureusement pas, elles, reportées «sine die».

 

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux EELV

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