Les candidat-e-s écologistes répondent aux Organisations Syndicales Retraités de la Sarthe

Lors de cette campagne législative, les questionnaires émanant d’associations, syndicats, collectifs et même particuliers ont afflué. Nous avons essayé d’y répondre au mieux. Voici les réponses que nous avons apporté à l’interpellation des Organisations Syndicales Retraités de la Sarthe.

Tout d’abord, vous devez savoir que les écologistes sont très attachés à la démocratie participative et à la co-construction des politiques publiques. Ainsi, en tant qu’élu-e-s, nous serons à l’écoute des demandes émanant des représentants de la société. Par ailleurs, il nous semble indispensable, en particulier dans le domaine de le perte d’autonomie des personnes âgées, que tous les acteurs administratifs, politiques ou professionnels associent au maximum les personnes âgées à tout ce qui les concerne : nous devons les considérer comme des citoyens à part entière qui doivent être partie prenante, à hauteur de leurs capacités, des décisions les concernant.

La campagne présidentielle a laissé peu de place aux enjeux liés à la révolution du vieillissement. Alors que la présidence Sarkozy restera marquée par l’échec de l’instauration d’une protection sociale de la perte d’autonomie, contrairement à son engagement de 2007, inventer une politique novatrice est un enjeu central pour une société de la coopération et du progrès social, où jeunes, adultes et personnes âgées puissent vivre durablement bien ensemble. Comme vous, nous constatons que le bilan des cinq dernières années est maigre : en matière de prise en charge du grand âge, aucun progrès quel qu’il soit n’a été constaté. Le projet avorté de la prise en charge de la dépendance a laissé penser que le grand âge n’était que la dépendance : tout s’est focalisé sur ce chantier, qui en plus a été clos et passé à la trappe. La question du « bien vieillir » n’a pas été au devant de la scène, c’est le moins que l’on puisse dire !

Il s’agit pourtant d’une question centrale, avec des enjeux de sociétés forts, dont notamment le risque de voir l’écart entre les plus pauvres et les autres se creuser avec la marchandisation d’un secteur qui devrait être réguler pour protéger un public fragile. Ne pas laisser les familles démunies face à la dépendance des personnes très âgées, c’est potentiellement créer 200 000 emplois, en développant le secteur de l’économie sociale et solidaire. Il y a un virage à ne pas rater : on le voit bien avec le gérontopôle soutenu par le Conseil régional des Pays de la Loire, les frontières sont fragiles entre le service rendu à nos séniors, pour les accompagner dans le « bien vieillir » et l’exploitation d’un filon économiquement intéressant.

Un pas devra être franchi durant la prochaine mandature : la prise en compte du 5ème risque est la seule solution qui satisfasse au souci d’égalité et fasse jouer la solidarité nationale. La dépendance, comme la maladie sont des risques et doivent être considérés comme tels. Il s’agit d’un choix politique. Et le nôtre, chez Europe Écologie-Les Verts, est clair en la matière.

Par ailleurs, comme vous le soulignez, tant à domicile qu’en EHPAD, la question du reste à charge concerne de plus en plus de Français. En aucun cas le reste à charge ne doit impacter la partie patrimoine que constitue la résidence principale. Les personnes à revenus moyens et de la tranche basse auront des problèmes pour faire face à ces dépenses, alors même qu’elles souhaitent laisser un héritage à leurs enfants. Il convient donc de jouer sur la fiscalisation des gros patrimoines afin de limiter l’impact de ces coûts sur les revenus plus faibles. D’autre part, s’il y avait autant de places construites en EHPAD publics qu’en EHPAD privés le risque de ne pas pouvoir trouver une place à un tarif acceptable serait moindre.

En ce qui concerne les lieux de vie des personnes âgées, à nos yeux, les pouvoirs publics doivent viser la complémentarité entre l’EHPAD, le domicile et toutes les solutions intermédiaires (hébergements collectifs ou individuels adaptés, accompagenents à domicile). 0n considère que statistiquement 12 % de la population aura recours à un EHPAD dans sa vie. Tenir compte que de ce seul secteur pourtant le plus coûteux serait injuste et ignorerait la situation des 88% restant. Nous souhaitons permettre le développement des mesures préventives, afin de limiter le recours aux EHPAD aux seules situations le nécessitant et pour cela d’agir en amont pour prévenir la dépendance. Europe Écologie – Les Verts a une vision globale opposée au cloisonnement des différentes approches. Nous pensons que pour retarder au maximum la diminution de l’autonomie et éventuellement éviter la perte d’autonomie complète, chaque personne doit avoir accès à un accompagnement adapté et modulable sur tous les plans : santé, alimentation, activité, place dans la société, mobilité hébergement adapté temporaire ou pérenne…

Ceci suppose que chacun puisse avoir les moyens d’accéder à cette qualité d’accompagnement, tant sur le plan de l’information et de la sensibilisation que sur le plan financier. Ceci vaut tant pour les personnes âgées que pour l’ensemble de la société. C’est pour cela que nous défendons l’idée, au-delà de la reconnaissance du 5ème risque, d’un revenu universel.

Sachez également que parmi les mesures que nous défendrons, si nous sommes élus députés le 24 juin, il y aura la véritable professionnalisation des personnels aidants.

Nous souhaitons aussi porter une attention toute particulière au soutien des « aidants familiaux ». Les actions collectives d’« aide aux aidants », qui on déjà fait la preuve de leur efficacité devront être développées et encouragées. Parallèlement, pour celles et ceux qui auront fait le choix de se consacrer à se rôle d’« aidant » (la très grande majorité des cas sont des femmes), s’ils le souhaitent, leur investissement devra pouvoir être reconnu dans le cadre de la validation d’expérience.

Utopie de ces projets en temps de disette budgétaire ? À notre sens, la poursuite d’une politique d’amélioration de la qualité dans le secteur de la dépendance et de la perte d’autonomie ne nécessite pas tant une augmentation des moyens qu’une redistribution plus égalitaire. Il est notoire en particulier que des économies conséquentes pourraient être faites en privilégiant le préventif au curatif. Ce n’est pas tant dépenser plus que dépenser mieux. En tout état de cause, nous, candidats Europe Écologie-Les Verts, préconisons un coup de frein drastique sur le financement de lits en EHPAD privé à but lucratif. Cela contribue à une raréfaction des places dans le secteur public et instaure de fait une prise en charge à deux vitesse entre ceux qui auront les moyens de se payer un établissement privé et ceux qui devraient se contenter d’une prestation de base dans le public. L’État est en train de créer une bulle qui sera difficile à gérer. Laisser le privé à but lucratif être la structure majoritaire d’accueil des personnes âgées conduit à la suppression de la liberté de choix.

Enfin, pour nous, écologistes, un point très important dans la prévention de la perte d’autonomie et le développement des liens intergénérationnels. Sur fond de repli communautaire, d’aucun parlent, voire fantasment, sur une guerre des générations : la ville serait bientôt à feu et à sang… Les usines, les ateliers, les bureaux ne seraient que des champs de bataille rangée entre les jeunes et les seniors… Or, ce que nous voyons ce n’est pas une guerre des générations mais bien des faits sociaux, des faits minuscules qui pollenisent d’un suc solidaire le quotidien de millions de personnes. Pensons à l’association Lire Faire Lire qui anime un réseau de 15 000 retraités investis pour soutenir les enfants dans l’accès et le plaisir de la lecture ; aux Blouses Roses où étudiants comme retraités, interviennent dans les hôpitaux ou les maisons de retraite pour rendre la vie plus gaie aux personnes en résidence ; aux bénévoles des Petits Frères des Pauvres ou encore le Réseau Voisin’âge qui accompagnent les personnes âgées isolés et vivant dans la précarité ; aux 4 millions d’aidants informels, dont l’âge moyen est de 64 ans, qui fournissent un appui essentiel aux personnes fragilisées par les maladies chroniques ou la perte d’autonomie dû à l’âge…

Nous souhaitons aussi qu’une attention particulière soit apportée en matière d’accompagnement préventif lors des moments critiques et accidents de la vie. Encore aujourd’hui, trop de personnes âgées se trouvent hospitalisées ou maintenues en hospitalisation faute de la mise en place d’un accompagnement efficace permettant le maintien ou le retour à domicile. Des initiatives comme celle menées conjointement par la CPAM de la Sarthe et la mutualité française (Service d’Aide et de Ménagères à Domicile des Malades Isolés) doivent être soutenues et développée. De la même façon, il conviendra aussi de simplifier au maximum les démarches administratives (« guichet unique ») pour financer et mettre en place les aides aux personnes âgées (plans d’accompagnements personnalisés, aides exceptionnelles, etc.).

Il est urgent que l’État et les collectivités territoriales valorisent les démarches de solidarité entre toutes les générations. Il est temps d’inventer des politiques publiques actives : instauration d’un tarif intergénérationnel lorsqu’un senior et un moins de 18 ans, souhaitent aller ensemble dans des lieux culturels et de loisirs ; création d’un Fonds d’initiatives intergénérationnelles destiné à soutenir les innovations sociales ou technologiques favorisant la coopération entre les générations ; soutien aux projets pédagogiques centrés sur la rencontre des âges et sur la découverte de l’autre, soutien au structure et initiatives de lutte contre l’isolement …

Face à la crise de l’emploi des seniors, il faut innover, par exemple en permettant aux seniors de s’investir dans leurs dernières années de carrière dans le soutien à une association. Une partie de leur salaire serait payé par l’entreprise, le restant et les charges sociales prises par l’État, voire les collectivités territoriales. En contrepartie, ils s’engageraient à rester bénévoles durant les trois premières années de leur retraite. Ils vivraient ainsi un tuilage progressif vers la retraite et renforceraient leur rôle d’acteurs de la transmission intergénérationnelle. Le secteur associatif, notamment grâce à l’implication des seniors, assure, pour une large part, le lien social et les solidarités de proximité, il est logique de le soutenir plus activement.

Enfin, il paraît impératif de reconnaitre le rôle crucial dans l’accompagnement des plus fragiles et dans la politique de santé publique des aidant(e)s bénévoles et professionnels, de tout âge. Cela implique la création d’un statut de l’aidant bénévole ouvrant à des formations (car on ne soutient pas une personne fragile sans un minimum de connaissance) et à des aides financières. Il doit s’inscrire dans la perspective d’élargir la protection sociale à l’accompagnement de la perte d’autonomie. Un élargissement dont la logique sociale et économique est de reposer prioritairement sur des politiques actives de prévention à tous les âges de la vie.

Catherine GOUHIER, candidate sur la 1ère circonscription, et son remplaçant, Eric LUCAS

Rémy BATIOT, candidat sur la 2ème circonscription, et sa remplaçante, Florence PAIN

Isabelle SÉVÈRE, candidate sur la 4ème circonscription, et son remplaçant, Loïc TRIDEAU

Elen DEBOST, candidate sur la 5ème circonscription, et son remplaçant, Jean-Pierre AUBERT

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