Les candidat-e-s écologistes répondent à INFOVIE-BIO

Lors de cette campagne législative, les questionnaires émanant d’associations, syndicats, collectifs et même particuliers ont afflué. Nous avons essayé d’y répondre au mieux. Voici les réponses que nous avons apporté au questionnaire d’INFOVIE-BIO, association de consommateurs de produits issus de l’Agriculture Biologique, qui informe ses adhérents sur les problèmes actuels d’alimentation, d’hygiène, d’environnement et de santé. Chaque point était introduit par un court texte que nous n’avons pas repris ici.

Comme vous le savez, les écologistes ont souhaité préparer l’élection d’une nouvelle majorité parlementaire de gauche et écologiste avec le parti socialiste en établissant un accord de législature. Cette accord n’est ni le programme du nouveau président, ni le projet écologiste. Mais il stabilise un socle partagé qui devra être celui de la prochaine Assemblée Nationale dans la mesure où celle-ci basculerait « à gauche ». En voici les extraits concernant les questions que vous posez :

« Le temps est venu d’une nouvelle ambition pour l’agriculture et pour la pêche. La France n’est plus la première puissance agricole d’Europe et 20 000 exploitations ferment chaque année. Ce sont autant de drames humains et de pertes économiques. Le Président sortant a affiché son renoncement lorsqu’il a lancé au Salon de l’agriculture : « l’environnement, ça commence à bien faire ». Contrairement à la droite, nous disons la vérité : l’avenir n’est pas dans le productivisme intensif et dévoreur de pesticides. Une telle voie est une impasse pour les agriculteurs eux-mêmes – pour leurs revenus comme pour leur santé – et pour les consommateurs. Bien sûr, changer la donne relève largement de la régulation internationale : inscription du droit à la souveraineté alimentaire dans la charte des Nations Unies et promotion d’une agriculture familiale autonome et vivrière dans les pays en développement seront deux revendications de la France dans les discussions multilatérales. En Europe, c’est la refonte de la PAC qui imposera la mobilisation du nouveau Gouvernement français et de sa majorité : redistribution des aides plus équitables et abaissement de leur plafond, indépendance protéinique de l’Union européenne, réévaluation de l’aide aux petites fermes dans le cadre de la convergence des aides, conditionnalité de l’accès à la ressource et aux aides publiques (impact environnemental, consommation de carburant et rejet de CO2, création d’emploi, respect des conventions internationales – par exemple sur la sécurité et le statut des marins, la préservation des ressources, etc). Mais la France ne saurait attendre les évolutions extérieures pour agir ! Nous lancerons un débat national sur l’agriculture, la pêche et l’alimentation dès 2012 en vue d’une loi d’orientation agricole débattue au Parlement en 2013. L’un des premiers actes de la législature garantira le pluralisme syndical dans les inter-professions, condition d’un large débat démocratique. Aucun enjeu ne sera occulté : réforme des soutiens publics en faveur de l’emploi et de l’environnement, aide à l’installation agricole, refonte de la gestion foncière, relocalisation de l’agriculture favorisant les productions de proximité en lien avec les collectivités locales, soutien à l’agriculture paysanne et biologique pour atteindre les 20% de la SAU en bio, lutte à la source contre les algues vertes, revalorisation de l’enseignement agricole, soutien à la pêche artisanale et nouvelles zones protégées pour les poissons en milieu marin, soutien à la conversion vers une pêche écologiquement soutenable et économiquement viable, création d’un ministère de la Mer, suppression des politiques de soutien aux agrocarburants qui empiètent sur la production alimentaire. Nous agirons pour stopper l’érosion de la biodiversité en rendant opposables les trames vertes et bleues et restaurer notre patrimoine naturel. »

« Nous lutterons contre les OGM par leur interdiction sauf pour la recherche en espace confiné. »

Cet accord n’est plus sous les feux de l’actualité, et il pourrait être « oublié ». Il importe donc qu’un groupe écologiste fort puisse régulièrement en rappeler les termes à l’Assemblée Nationale et s’assurer de la mise en œuvre effective des ambitions affichées.

Par ailleurs, les convergences affirmées dans ce texte n’empêcheront pas les écologistes d’être exigeants et de pousser à plus d’ambition dans le cadre des débats parlementaires, des liens avec le gouvernement ou encore des travaux en commissions.

Positionnement sur la surface agricole utile (SAU) consacrée à l’agriculture biologique ?

Nous regrettons bien entendu le retard pris par la France, qui importe une trop grande part des produits qu’elle consomme. Nous regrettons également que la formation agricole ou encore la recherche ne donnent pas toute sa place au développement des pratiques agro-écologiques.

Nous visons ainsi le développement de l’agriculture biologique par le soutien des filières via les marchés de la restauration collective publique, par des aides incitatives à la conversion, à l’installation et à la formation, ainsi que par un programme de recherche en agroécologie pour rattraper le retard de la France en la matière.

Nous souhaitons soutenir les institutions comme Terre de liens, la Fédération Nationale et les Groupements de l’agriculture biologique, qui prodiguent des conseils substantiels sur le terrain. Nous pensons qu’une modification en profondeur du système d’accès à la terre, pour multiplier les installations agricoles au lieu de favoriser l’agrandissement des exploitations est essentielle.

Ces mesures devraient permettre d’atteindre 20% de SAU en fin de mandature (à peu près l’objectif du Grenelle).

Positionnement sur l’agriculture productiviste ?

L’agriculture conventionnelle scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle tue les sols, pollue l’air et les nappes phréatiques, extermine progressivement les pollinisateurs, se développe grâce à l’énergie fossile (il faut 10 fois plus d’énergie pour produire ces aliments que ce qu’ils nous apportent par l’ingestion), et empoisonne les agriculteurs avec les engrais et les pesticides (voir la reconnaissance récente de la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle). Nous nous élevons contre l’élevage industriel concentrationnaire, comme les projets de Souligné-sous-Ballon et du Breil-sur-Merise, qui crée de la souffrance au travail et des externalités environnementales (algues vertes…) et sanitaires (usines à virus, scandale des farines animales, résistance aux antibiotiques).

Nous ne souhaitons pas pour autant désigner la profession agricole du doigt. La grande majorité des agriculteurs subit la situation actuelle et se trouve en grande souffrance. Les autres agriculteurs, qui jouent un rôle essentiel pour la préservation de nos campagnes, de la ruralité, du lien social, des paysages, doivent vivre décemment de leur métier par un meilleur partage de la valeur ajoutée.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport, à la transformation et à l’emballage de nos aliments, pour recréer du lien entre agriculteurs et citoyens, mieux rémunérer les producteurs et réduire les frais et marges des intermédiaires, nous encourageons les circuits courts de distribution et souhaitons réhabiliter les marchés de proximité.

Positionnement sur l’Industrie des Engrais Chimiques, des Pesticides et des Semenciers ?

Plusieurs éléments ont été donnés dans les réponses précédentes. En tout état de cause, il importe de taxer fortement les engrais chimiques et les pesticides pour diminuer leur usage. En parallèle, il sera essentiel de promouvoir d’autres techniques de culture issues de l’agro-écologie. Les exemples qui marchent existent, ils n’essaiment pas assez vite.

Positionnement sur l’agriculture biologique comme démarche de protection de l’environnement ?

Pour Europe Écologie – Les Verts, l’agriculture biologique est comme vous le suggérez une approche permettant la préservation des écosystèmes. Mais c’est aussi une réponse à des problématiques de santé, sociales et économiques. Le développement de l’agriculture biologique est ainsi vital. Il devra permettre, en France, de répondre à nos besoins en aliments sains. C’est une manière de travailler avec la nature, pour faire revivre les sols, rediversifier l’espace cultivé et instaurer des zones de compensations écologiques (haies, zones humides, bois…). De plus l’agriculture biologique, tablant sur le travail plus que sur le capital, est créatrice d’emplois non-délocalisables.

Sa reconnaissance passera sans nul doute par une réforme en profondeur de la PAC (voir ci-dessous), mais aussi la mise en place des mesures citées plus haut pour son développement, qui marqueront un réel engagement politique pour un autre modèle de développement économique.

Positionnement sur les OGM ?

Tant d’un point de vue environnemental (pollution irréversible, effet sur la biodiversité), que sanitaire ou encore économique (main mise de semenciers sur le vivant), les OGM sont à combattre avec fermeté (à l’exception des recherches en espace confiné), et les écologistes s’y emploient depuis des années à tous les niveaux. En tant que députés, nous contribueront bien évidemment à poursuivre cette lutte. Ceci passera bien entendu par une refonte du droit français des OGM, permettant une meilleure prise en compte des principes d’information et de précaution, mais aussi par le renforcement des remparts aux OGM : développement d’une agriculture paysanne de qualité, soutien à l’agriculture biologique, officialisation du statut de « lanceur d’alerte », financement de la recherche indépendante, etc.

Positionnement sur la loi sur l’eau ?

Les premières démarches pour réaliser une nouvelle loi sur l’eau ont été engagées par Madame Dominique Voynet en 1998, alors Ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire. Elle a finalement été adoptée en décembre 2006, au prix d’une dure bataille. D’ailleurs, lors de son adoption, FNE titrait ainsi un article dans la lettre sur l’eau : « On a sauvé la loi sur l’eau mais à quel prix ! ».

Au final, cette loi assure la défense systématique des intérêts économiques, qui ont ainsi obtenu de nouveaux privilèges pour ne pas évoluer dans leurs pratiques. Contrairement aux recommandations unanimes des experts, aucun outil économique ne vient inciter les exploitations agricoles à préserver la ressource en eau, ou dissuader les pratiques agricoles à risque pour l’environnement.

L’eau est un bien commun de l’humanité. A ce titre, il importe de revoir les fondamentaux de cette loi : principe pollueur-payeur effectivement, mais aussi les questions relatives à la tarification sociale de l’eau. Plusieurs chantiers sont à ouvrir.

Positionnement sur la conditionnalité des aides ?

La conditionnalité des aides environnementales, mais aussi sociales, est pour nous un levier essentiel pour réorienter bon nombre de politiques, dont la politique agricole. Est-il normal aujourd’hui que la personne qui choisit de consommer « bio » paie en plus, via ses impôts, les subventions à l’agriculture productiviste, le coût de la pollution de l’eau ou encore le coût sanitaire et social de ce type d’agriculture ?

Nous souhaitons donc que la nouvelle politique agricole européenne favorise l’emploi, les pratiques agro-écologiques et la souveraineté alimentaire de l’Europe. Elle devra pénaliser les importations extra-européennes de protéines végétales, interdire la culture et l’utilisation d’OGM pour l’élevage. Elle devra cesser tout soutien à la production d’agrocarburants. Aujourd’hui, pour une bonne part, ce n’est plus l’activité de production qui produit le revenu des producteurs, ce sont les subventions européennes. Où est la viabilité de ce système, où est son efficacité économique ?

Des mécanismes de régulation doivent être instaurés afin de garantir un prix rémunérateur aux paysans. Les subventions ne doivent intervenir que pour soutenir les efforts des producteurs pour optimiser l’agronomie et mettre en œuvre l’agriculture biologique contre les solutions agrochimiques et consommatrices de carburants. En ce sens, il est normal que la société soutienne ces paysans mais il est anormal qu’elle les assiste pour finalement irriguer les actionnaires des multinationales.

Positionnement sur la restauration collective ?

Partout où les écologistes sont élus, ils essaient de faire avancer le « bio » dans la restauration collective. C’est le cas au Mans, où Isabelle SÉVÈRE œuvre pour des avancées pour les écoles. C’est le cas au sein du Conseil régional des Pays de la Loire, où les élus régionaux Europe Écologie – Les Verts ont lancé les lycées dans une action de restauration durable.

Cette orientation nous semble être de manière globale la plus juste : éducation au goût et alimentation saine pour les enfants, encouragements à l’agriculture biologique, aide à la structuration des filières grâce à la création de débouchés ou encore revalorisation des métiers de la cuisine collective.

Ces démarches s’avèrent complexes à mettre en œuvre sur le territoire, et les ambitions écologistes sont souvent revues à la baisse car nos partenaires politiques n’y croient pas vraiment. Là encore, il nous faudra peser plus qu’un peu plus de 2% aux élections législatives si nous souhaitons avoir le poids nécessaire pour tirer la barre vers le haut !

Catherine GOUHIER, candidate sur la 1ère circonscription, et son remplaçant, Eric LUCAS

Rémy BATIOT, candidat sur la 2ème circonscription, et sa remplaçante, Florence PAIN

Isabelle SÉVÈRE, candidate sur la 4ème circonscription, et son remplaçant, Loïc TRIDEAU

Elen DEBOST, candidate sur la 5ème circonscription, et son remplaçant, Jean-Pierre AUBERT

Remonter