La Colombie encore divisée

L’accord de paix est rejeté par une courte majorité

Signé le 26 septembre dernier, l’accord de paix entre le Président colombien Juan Manuel Santos et le Chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) Rodrigo Londono marquera l’histoire de la Colombie.

Soumis pour sa ratification à un référendum le 2 octobre, cet accord politique a pourtant été rejeté par 50,23% des suffrages. Ces résultats montrent que l’intense campagne en faveur du « Non », la calomnie de ceux qui profitent du conflit, des faiseurs de guerre de tout ordre, l’action de bandes paramilitaires, la propagande d’intoxication à travers les réseaux sociaux, avec à sa tête l’ancien Président de la République Alvaro Uribe et l’ex-Procureur national, a payé, avec une faible avance : 53 894 voix. Mais l’espoir vient de l’analyse du vote des villes dans les zones les plus affectées par le conflit armé, celles des victimes, qui se sont prononcées très majoritairement en faveur du « Oui » (entre 56 et 96 %).

Quatre ans de discussions hors des caméras, à la Havane (Cuba), ont été nécessaires pour élaborer des propositions politiques étalées dans le temps et qui couvrent des champs très variés. Ces discussions ne doivent pas être vaines.

Les premières déclarations des négociateurs des deux camps indiquent que, malgré leur défaite électorale, ils ne reviendront pas sur les engagements pris en faveur de la réconciliation et de l’arrêt des combats.

Mais les graves problèmes que la guerre a créés depuis plus de 55 ans sont urgents à résoudre et exigent des réformes structurelles importantes que la droite et l’extrême-droite continuent de rejeter. Parmi les plus importantes figurent la reforme agraire et la dévolution de 7 millions d’hectares de terre aux paysans spoliés, la recherche de l’autonomie alimentaire pour lutter contre la pauvreté, la protection de l’environnement, qui passe notamment par la lutte contre la déforestation,  aggravé par le conflit, ainsi que la lutte contre la culture de la coca, après un bilan très critique des politiques précédentes.

Si les combattants des FARC, malgré le rejet populaire de l’accord, acceptent de continuer dans la voie d’un cessez-le-feu, il faut en échange prendre des mesures pour leur réinsertion dans la vie civile avec une  ouverture démocratique et une reforme des institutions qui s’avèrent urgentes et que l’accord définit très précisément.

Mettre fin à un conflit qui a duré plusieurs décennies, fait plus de 240 000 morts, des milliers de blessés et de disparus et 6 millions de migrants internes, était un défi très difficile, qui a perdu sur le champ électoral. Cette défaite laisse le pays avec de nouvelles fractures.

Les paramilitaires, groupes armés d’extrême-droite, auxiliaires de l’armée pendant des années et compromis dans le narcotrafic,  avaient signé un accord en faveur de leur dissolution, du temps du président Uribe. Ils sont toujours en action dans certaines régions et ne sont pas prêts à baisser les bras.

EELV demande que le gouvernement français apporte son appui aux initiatives politiques qui pourraient encore naître pour reformer le pays en profondeur et à celles qui sont prévues dans l’accord.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux

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