Emploi et handicap : il faut lutter contre toutes les discriminations !

En cette « Semaine pour l’emploi des personnes handicapées », Europe Écologie Les Verts réaffirme son engagement auprès des personnes en situation de handicap, en particulier celles en recherche d’emploi.

Les derniers chiffres du chômage sont sans équivoque : alors que le taux de chômage progressait de 5.3 % entre fin 2010 et fin 2011, il augmentait de 13.9 % pour les travailleurs en situation de handicap. La loi du 11 février 2005, qui donne la priorité au travail en milieu ordinaire, ne s’est pas concrétisée dans une continuité de parcours professionnel.

Pour les écologistes, outre l’application des lois existantes sans dérogation (6% d’emploi de personnes handicapées dans les entreprises), plusieurs priorités doivent être mises en œuvre pour inverser la vapeur : agir dès l’école et accompagner les étudiants, élaborer rapidement les Plans locaux d’Insertion professionnelle des Travailleurs Handicapés, simplifier les procédures et mesures à destination de ces personnes, augmenter les moyens alloués aux structures d’accompagnement pour la formation et les services, faciliter les trajets « domicile-travail », sans oublier la nécessaire concertation avec les entreprise et branches professionnelles.

Nous n’oublions pas non plus les personnes qui n’ont pas l’autonomie nécessaire pour travailler en milieu ordinaire. Malgré les revalorisations de ces dernières années, elles sont encore aujourd’hui acculées au statut de travailleurs pauvres et évoluent dans des contextes souvent « enfermant ». Nous souhaitons ainsi une revalorisation de leurs rémunérations ainsi que le développement des ateliers « hors les murs ».

Améliorer l’accès à l’école et à l’enseignement.

Il faut agir dès le plus jeune âge : les difficultés d’accès à l’enseignement creusent davantage le fossé avec le monde du travail. Il reste encore 30 000 enfants en situation de handicap non scolarisés. Les enfants scolarisés à l’école ordinaire le sont le plus souvent à temps partiel (certains seulement 3 après-midi par semaine car les moyens humains en terme d’AVS (Assitant‐e de Vie Scolaire) sont trop peu importants : l’AVS accompagnent souvent 3 enfants différents pendant une semaine), quand d’autres restent sans AVS pendant des mois. La période de recrutement des AVS s’effectue le plus souvent en septembre. Il arrive que les enfants en situation de handicap scolarisés fassent leur rentrée 3 semaines plus tard que les autres et terminent l’école 1 mois avant car l’AVS est en fin de contrat.

Depuis 2005, la situation s’est dégradée pour la scolarisation des enfants en situation de handicap à l’école : précarisation des emplois d’AVS et refus de certains enseignants de recevoir les enfants à l’école lorsque l’AVS n’est pas présente.

Pour les jeunes relevant du parcours ordinaire, il faut d’étendre l’octroi des AVS aux étudiants.

La formation des enseignants et des formateurs pour l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap doit aussi devenir systématique.

 

Élaborer rapidement les Plans locaux d’Insertion professionnelle des Travailleurs Handicapés.

Les personnes handicapées sont encore trop souvent confrontées à des institutions qui, avec chacune leurs propres mesures et dispositifs, fonctionnent sans suffisamment de concertations et connaissances réciproques. Le Plan Régional d’Insertion Professionnelle des Travailleurs Handicapés en Pays-de-la-Loire, doit désormais rapidement être transposé par des Plans locaux d’Insertion professionnelle des Travailleurs Handicapés, permettant de décliner des mesures concrètes et complémentaires négociées et ajustées avec l’ensemble des partenaires des territoires.

 

Simplifier les procédures et mesures à destination des personnes en situation de handicap.

Il conviendrait d’œuvrer à une simplification des procédures et mesures à destination des travailleurs handicapés afin d’en faciliter l’accès et la mobilisation par les bénéficiaires (et les acteurs professionnels). Même si des progrès ont été fait récemment avec la création de cellules départementales de maintien dans l’emploi au niveau de l’Assurance maladie, il faudrait augmenter les moyens consacrés à la prévention de la désinsertion professionnelle des travailleurs en situation de handicap ou susceptibles de le devenir, en particulier en travaillant à fluidifier les parcours de réorientation ou de remobilisation professionnels.

 

Systématiser la concertation avec les entreprises et branches professionnelles.

L’adaptation des postes de travail est une mission prioritaire des SAMETH (Service d’Appui au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés – chargés de facilité le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés), soutenus financièrement à cet effet par l’AGEFIPH. Mais une envergure plus importante doit être donnée à ces questions, pour mutualiser les expériences et sensibiliser les milieux professionnels à la possibilité d’accueil des travailleurs en situation de handicap, tout comme il est important de bien appréhender un métier pour trouver les solutions les mieux adaptées.

 

Donner plus de moyens pour les formations à destination des publics ne situation de handicap.

Même si la convention régionale entre le Conseil Régional et l’Agefiph a amélioré l’accès des personnes handicapées au service public régional de formation professionnelle, les formations spécifiques (bilans de compétence, Pré-orientation, Contrat de Ré-insertion en Entreprise, « Module d’Orientation Approfondi Indemnités Journalières », etc.) ainsi que les services comme le SAMETH ont besoin de plus de moyens pour répondre au besoin et à la demande.

 

Faciliter les trajets « Domicile / Travail ».

Les pouvoirs publics et les entreprises doivent poursuivre et systématiser leur nécessaire travail en commun pour faciliter de bout en bout les trajets « Domicile / Travail », notamment par les transports en commun. En effet, les problématiques d’accessibilité sont exacerbées par les phénomènes de foules aux heures de pointe et la nécessité pour les personnes handicapées, comme tous les travailleurs, de ne pas perdre de temps dans ces trajets quotidiens.

 

Améliorer les conditions des personnes ne pouvant travailler en milieu ordinaire.

Depuis l’ouverture des ESAT (établissements et services d’aide par le travail), le statut des usagers a évolué grâce à l’apport législatif de 2002 sur le statut des personnes accueillies (projet individuel), et aussi en matière d’établissements au regard de la loi de 2005.

L’usager n’a pas le statut de salarié, il reste dépendant financièrement de l’AAH (Allocation des adultes handicapés) et perçoit un complément de salaire de la part de l’établissement, ce qui en fait un travailleur pauvre… moins de 900 euros pour une semaine de 35h. Une revalorisation importante a eu lieu depuis quelques années, mais le retard reste important.

Un point marquant est la création d’ateliers « hors les murs » qui permettent aux usagers d’exercer leur travail sous la conduite d’un éducateur chez le donneur d’ordre. Cette approche est très valorisante pour la personne : cela lui procure une reconnaissance en terme d’intégration dans la société. Le positionnement des personnes en établissement médico-social peut être « enfermant ». Cette possibilité est à encourager, et à dynamiser afin que la personne trouve sa juste place dans la société, et sorte ainsi du statut d’assisté.

Europe Écologie Les Verts Sarthe, le 15 novembre 2012

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